Le directeur de photographie William Wages, membre de la société ASC, aide à capturer la naissance du rock ‘n’ roll pour Sun Records

Le directeur de photographie William Wages, membre de la société ASC, aide à capturer la naissance du rock ‘n’ roll pour Sun Records
5 minutesAdaptée de la comédie musicale Million Dollar Quartet, la série de la maison de disque Sun Records de la chaîne de télévision CMT aux États-Unis raconte l’histoire quelque peu méconnue de la naissance du rock ‘n’ roll. Cette série limitée de huit épisodes raconte l’émergence des musiciens légendaires Johnny Cash, Elvis Presley, Carl Perkins et Jerry Lee Lewis durant une époque de conflits sociaux et politiques. La distribution de la série Sun Records comprend Chad Michael Murray (Sam Phillips, fondateur de la maison Sun Records), Billy Gardell (Colonel Tom Parker), Drake Milligan (Elvis Presley), Kevin Fonteyne (Johnny Cash), Keir O’Donnell (Dewey Phillips), Christian Lees (Jerry Lee Lewis), Kerry Holliday (Ike Turner), Dustin Ingram (Carl Perkins) et plus autres.
Sous la direction de Roland Joffé (The Killing Fields, The Mission), cette série a été tournée par William Wages, membre de la société ASC (The Forgiven, Containment) à l’aide de caméras 4K VariCam LT de Panasonic.
Le tournage de la série Sun Records s’est déroulé à Memphis, au Tennessee, avec une équipe locale. Le plus grand défi rencontré par Wages a été de réaliser la mise en scène durant la période des années 50. « Ce qui peut sembler un peu étrange est que plus nous sommes rapprochés de l’époque à reproduire, plus le tournage est compliqué » explique-t-il. « Il est très facile de simuler l’époque de la guerre civile car nous devons tout éliminer de l’époque moderne. Par contre, en ce qui concerne les années 50, nous avons besoin d’être dans la ville. Il se peut qu’un édifice soit propice à l’époque mais juste l’autre côté de la rue, il pourrait y avoir un édifice totalement moderne. Nous n’avons pas seulement à nous soucier des anciennes voitures et des costumes. Nous devons porter une attention toute particulière à tous les détails de notre tournage. »
En ce qui a trait au style de la série, Wages et Joffé n’ont pas essayé de reproduire les vieux films des années 50, mais ils ont plutôt étudié des anciens formats photographiques de cette période. Wages croyait qu’une image moins saturée serait plus appropriée, mais il voulait également que Sun Records donne l’impression d’être un récit actuel même s’il avait lieu dans le passé. « Nous voulions nous éloigner d’un documentaire historique. » affirme Wages. « Lorsque Sam Phillips produisait ces albums, c’était très avant-gardiste. Malgré beaucoup d’adversité, il effectuait un jour des enregistrements avec des artistes noirs, et un autre avec des blancs et parfois même tous ensemble. À cette époque, personne n’avait jamais entendu une telle musique, ce qui était vraiment le cœur du spectacle. Nous avons essayé de donner un caractère immédiat sans toutefois sembler trop distant. Nous avons tenté d’en mettre plein la vue. »
Wages a tourné Sun Records avec trois caméras VariCam LT, louées de The Camera Division à Los Angeles. Il a effectué la capture de fichiers UHD (3840x2160) AVC Intra 422 en enregistrement V-Log à 23,98 ips. Ayant déjà effectué le tournage de la série Containment de la chaîne CW avec la caméra VariCam 35, Wages était très familier avec les caméras de la série VariCam. Nécessitant un plus petit système afin de permettre l’utilisation d’un stabilisateur de prises de vues Steadicam et de modules de suspension pour tournage à la main, il a porté son choix sur la caméra VariCam LT, celle-ci étant dotée du même capteur et des même qualités d’imagerie que la caméra VariCam 35. Il raffole également de la double sensibilité ISO native de 800/5000 de la caméra VariCam pour le tournage sous faible éclairage.
Selon Wages, l’éclairage de Sun Records aurait pu leur causer des défis, mais grâce à son expérience avec les caméras VariCam, il n’a jamais eu de difficultés. « Parfois, nous devions effectuer des tournages sur 360 degrés et je dois vous avouer que cette caméra nous rend la tâche très facile car nous n’avons pas à nous préoccuper d’une quantité énorme de lumière.» affirme-t-il.
À moins d’être à l’extérieur durant la journée, il effectuait toujours son tournage avec une sensibilité ISO 5000 native. Lors de capture à une sensibilité ISO 5000, Wages affirme ne transporter que le ¼ de son matériel d’éclairage, utilisant également des plus petits projecteurs. « Pour cette série, nous avions en main une caméra 4K, mais nous nous en sommes servis seulement qu’une fois, juste pour dire que nous l’avions utilisée.» blague Wages. « À vrai dire, le projecteur ARRI M18 (1.8K HMI) est le plus gros projecteur dont j’ai besoin. En ce qui concerne les projecteurs HMI à face ouverte traditionnels, j’utilise principalement le projecteur Jo-Leko 800, qui est un projecteur Source 4 Leko avec un Joker 800. Je l’utilise pour 90 % de mon travail. »
Étant donné qu’il travaille avec moins d’éclairage, Wages aime bien travailler aussi avec des petits projecteurs à DEL (principalement Cineos), lesquels fonctionnent sur batteries. « Vous pouvez ainsi suivre votre sujet dans la rue le soir tout en éclairant un édifice et tout cela en seulement 10 minutes au lieu de deux heures. » explique-t-il.
En ce qui a trait aux objectifs, Wages a utilisé les objectifs zoom 19-90 mm de Fujinon et 85-300 mm de Cabrio, lesquels sont plus légers que la majorité des objectifs zoom. « Ainsi, avec les objectifs Cabrio, vous n’avez pas à continuellement changer d’objectif. » affirme Wages. « Il nous a fait gagner beaucoup de temps et au fur et à mesure que le spectacle progressait, nous nous sommes retrouvés à effectuer le tournage avec le stabilisateur Steadicam, qui à la fin de la journée, nous a probablement économisé une heure et demi – ou peut-être même plus. Au lieu de perdre du temps à changer d’objectif, vous avez seulement besoin de vous pencher un peu pour augmenter légèrement le zoom. Vous pouvez aussi utiliser d’autres objectifs avec le stabilisateur Steadicam mais jamais à cette plage de focales. L’objectif de 19-90 mm a probablement servi à 80 % du tournage.
« J’ai une théorie qui va à contre-courant » mentionne Wages, « mais d’après moi, une fois que vous avez effectué toutes les corrections chromatiques avec tous les nouveaux objectifs modernes, vous ne pouvez même plus les différencier. Peu importe qu’il s’agisse du Cooke S4s, Master Primes, Fujinons – c’est du pareil au même. Personne n’a fabriqué de mauvais objectifs depuis longtemps. Contrairement aux anciens objectifs – tels que Cooke Speed Panchros ou Baltars – qui ont des caractéristiques uniques ou spécifiques que l’on ne retrouve pas sur les objectifs modernes. Mais depuis les derniers 25 ans, tous les objectifs sont vraiment similaires. Avant la correction chromatique, les objectifs Cooke sont peut-être un peu plus chauds, les Zeiss un peu plus froids mais d’un point de vue global, cela ne veut rien dire. »
Wages a tourné en grande partie à une grande ouverture de T-2.9. « Disons que nous voulions effectuer le tournage en regardant à travers une fenêtre, puis en se déplaçant vers l’arrière pour voir la personne qui regarde dehors, dans le passé, il aurait fallu augmenter les niveaux d’éclairage à l’intérieur pour accomplir ceci mais de nos jours, neuf fois sur dix, je peux simplement insérer un arrêt de pose différent sans qu’il soit visible. J’effectue les arrêts de pose sur le moniteur car je ne veux pas préoccuper le pointeur avec ça. Je ne regarde même pas le nombre d’ouverture – je me concentre seulement sur l’image. »
Puisqu’il ne travaillait pas avec un technicien en imagerie numérique, Wages a développé ses propres tables de conversion et selon le directeur de la photographie, son flux de production couleur VariCam était unique. « Nous avons commencé avec le format REC 709, débouché les ombres, diminué les hautes lumières pour tirer profit des possibilités offertes par la caméra, puis nous avons réduit un peu la saturation pour créer un rendu que j’aimais. » explique Wages. « Je l’ai montré à Roland et il a bien aimé. Nous avons alors fait parvenir cette table de conversion ainsi que notre tournage à Toronto et nous avons laissé au laboratoire le travail de reproduire cette apparence en utilisant leur système. »
Sun Records a été publié à Deluxe à Toronto et Wages n’a pu assister qu’à une journée de séance de classement chromatique. La coloriste s’est chargée du premier épisode et elle a effectué tous les changements que je lui ai fait parvenir » affirme Wages. « Quand j’ai pu finalement m’y rendre, on a établi l’apparence voulue sur le premier épisode. Tous les épisodes n’étaient pas encore finalisés et nous avons pu passer au travers afin que je puisse identifier les scènes qui pourraient à mon avis bénéficier de l’apparence que nous avions établie. »
Grâce à la fluidité du déroulement, les sessions de classement chromatique se sont très bien déroulées. « Et je n’avais qu’une table de conversion » divulgue Wages. « À mon avis, VariCam agit comme une pellicule et si vous commencez à ajouter trop de tables de conversion, cela pourrait causer de la confusion. Par contre, si cela avait été un truc de science-fiction à haut contraste, je n’aurai probablement pas utilisé cette approche. J’ai des idées très simples en ce qui a trait à l’apparence car ma créativité réside au niveau de l’éclairage. C’est ma tâche à accomplir. »
Pour plus de renseignements (en anglais) sur Sun Records, cliquez ici.