Donner un style néo-noir au film indépendant Birdland

Donner un style néo-noir au film indépendant Birdland
5 minutesBirdland est un film canadien réalisé et coécrit par Peter Lynch qui comprend les images les plus saisissantes que vous verrez cette année dans un film indépendant. Le film raconte l’histoire de Sheila Hood, une ex-policière qui dissimule des caméras de surveillance dans sa maison afin d’espionner son mari, devenant une voyeuse de sa propre vie. Le film a été tourné par Adam Swica, CSC (The Art of the Steal, La Firme) à l’aide d’une seule caméra VariCam 35.
Swica a étudié la peinture et le dessin à l’École d’art et de design de l’Ontario et s’est ensuite intéressé au cinéma expérimental vers la fin de ses études. Il a fait ses débuts dans le cinéma en tant qu’éclairagiste et est ensuite devenu chef électricien. Après huit ans de travail en tant que chef électricien, il est devenu directeur de la photographie, tournant plusieurs films indépendants.
Swica a rencontré le directeur Peter Lynch en fréquentant le monde artistique et a collaboré avec lui sur des films de performance artistique avant de travailler sur Birdland. Pour Swica, le plus gros défi était le petit budget de Birdland. « La plupart des scènes du film étaient tournées dans des endroits urbains, pendant la nuit, et nous ne pouvions pas tout éclairer », indique Swica. « La caméra a été choisie après une conversation avec John DeBoer de Sim, qui m’a parlé de cette nouvelle caméra qui peut tourner à 5 000 ISO. Sim a été très généreuse et nous a donné l’ensemble de caméras, un cadeau formidable pour nous. »
Swica a amené la caméra VariCam 35 dans le port de Toronto et dans le reste de la ville pour la tester dans des environnements d’éclairage naturel ou de faible éclairage. Il a ensuite présenté les images à The Rolling Picture Company de Toronto. « Les images étaient spectaculaires », dit Swica. « Tout le monde était impressioné de ce que nous tournions. À ce stade-là, l’utilisation de la caméra VariCam avait réduit nos besoins en éclairage. »
Créer un style « néo-noir »
Swica a tourné Birdland au format 2K ProRes (23,98 images par seconde) parce que le budget ne pouvait pas comprendre les coûts supplémentaires de flux de production d’un tournage 4K. « Je suis très heureux de cette décision », dit Swica. « La résolution est importante pour plusieurs raisons, mais une résolution plus basse ne me pose aucun problème, et je sais que la résolution 2K peut très bien être convertie en 4K. » Sur le plateau, il a tourné en enregistrement vidéo (V-Log) et effectué le contrôle au format Rec. 709. Swica a tourné le film avec des objectifs Super Speed de Zeiss, les objectifs qu’il utilise pour tous ses projets puisqu’ils sont rapides et à faible contraste.
Le directeur Lynch a décrit l’allure de Birdland comme « néo-noir », mais selon Swica, le style provient plutôt de vidéos musicaux, ce qu’il tournait il y a 30 ans. Il n’y avait aucun éclairage haute lumière ni de noirs profonds, il y avait plutôt un aspect propre dans l’ensemble du film. « Dans le film, il y a une scène de ligotage où le personnage féminin se suspend à un cadre », explique Swica. « Cette scène était inspirée d’un vidéo de J. Lo, dont le budget était probablement un demi-million de dollars. Nous avons tourné la scène différemment, mais nous avons utilisé les mêmes couleurs. »
Puisque le budget d’éclairage était déjà réduit, Swica savait qu’il devrait se fier à la sensibilité native ISO 5 000 de la caméra VariCam 35 qu’il avait utilisée pour les scènes nocturnes intérieures et extérieures. « Je dirais que 90 % du film a été éclairé avec cinq ensembles de DEL 1x1 Rosco et quelques petites lumières au tungstène », explique Swica. « Souvent, les éclairagistes tenaient simplement les lampes, donc si quelqu’un marchait, nous marchions avec eux, les lampes étant alimentées par les piles. Nous n’avions aucun appareil supérieur à 2K, et cet appareil 2K a été utilisé peut-être une seule fois. »
« Je préfère des pauses plus longues la nuit », ajoute Swica en parlant du tournage avec la sensibilité ISO 5 000. « C’était génial de pouvoir tourner la nuit entre T/3,2 et f/5,6 en fonction de l’endroit et d’arriver à tout voir. J'ai souvent réalisé de l'éclairage où il fallait utiliser un seul gros projecteur pour créer un environnement complet et tout éclairer à partir d'un seul point. Tourner à ISO 5 000 est presque l’inverse de cela. La rue a l’air réelle jusqu’au bout. Il y a des lampadaires, donc il faut respecter sur ce qui se passe naturellement. »
Swica a aussi utilisé l’éclairage naturel et plusieurs températures de couleur dans les images. Les scènes de conduite nocturne ont été entièrement éclairées par la lumière des lampadaires passant à travers les fenêtres. « Les lampadaires donnent un effet de réalité spectaculaire, parce que l’éclairage n’est jamais répété et les couleurs changent constamment », dit Swica. « Il y a une section où l’on passe sous un pont pendant la nuit qui est éclairé par des lampes à vapeur de mercure. Nous alternions entre les lampes à vapeur de sodium aux couleurs chaudes et ces lampes à vapeur de mercure verdâtres. »
Une scène de souper a été tournée dans un condo au 14e étage, surplombant la ville. Plutôt que d’éclairer l’intérieur, Swica a laissé entrer la lumière ambiante par les fenêtres. « C’était un peu étrange pour les acteurs, parce qu’ils pensaient jouer dans le noir », explique Swica. « Nous devions constamment leur montrer ce que nous voyions après les prises. »
Flux de production numérique similaire à un film
Puisqu’il était impossible d’engager un technicien en imagerie numérique, l’équipe a créé un flux de production similaire à un tournage de film. Parce qu’ils tournaient à Toronto, ils tournaient pendant la première moitié de la journée et ils envoyaient ensuite les cartes P2 à The Rolling Picture Company, qui produisait les épreuves de tournage. « J’ai fait plus de films que de productions électroniques, et puisque le contraste des négatifs est faible, je tourne encore en numérique de cette manière et j’ajoute le contraste par la suite », dit Swica. « C’est l’une des raisons pour lesquelles je ne crée pas mes propres tables de conversion. J’utilise simplement le format Rec. 709 standard et je compose mon éclairage à partir de là. Malgré l’aspect “néo-noir”, je ne voulais pas que le film soit grandiloquent. C’est une histoire qui évolue lentement et proprement. »
À The Rolling Picture Company, Swica a travaillé avec le coloriste Drake Conrad, ayant déjà collaboré avec lui dans plusieurs films. Swica et Conrad étaient très surpris par les résultats de la sensibilité native ISO 5 000. Selon Swica, Conrad s’attendait à ce qu’il y ait beaucoup de nettoyage à faire, mais ce n’était pas le cas. « Parce que les scènes avaient lieu dans un environnement urbain, l’éclairage était déjà établi. Il fallait plutôt ajuster les tons de peau. Nous n’avons pas fait beaucoup d’éclairage ciblé, ce que je dois habituellement faire. »
« Même s’il est un mordu de la techno, Drake a un très haut niveau de sensibilité pour les tons de lumière », ajoute Swica. « Quand j’en suis à la huitième image, Drake comprend déjà ce dont j’ai besoin. Birdland était un tournage facile de deux semaines. »